Le retour de la question du progrès oui, mais comment?

Dans le moment présent, on voit bien que la question du progrès taraude la société. Les Français, les salariés témoignent d’un fort pessimisme, car l’idée de progrès qui a été un puissant levier de développement de notre société est en question, pour ne pas dire en panne. A quelle condition pouvons-nous nous projeter dans un dessein commun et dans un avenir qui ne soit pas pire que le présent incertain que nous vivons? Quel progrès au fond devons-nous attendre et construire ? La question est proprement politique, mais elle a ceci de singulier qu’elle est en réalité partagée par tous dans le champ économique et social. Et c’est bien l’absence d’une dynamique collective, d’un commun partagé qui nourrit aujourd’hui le pessimisme et obscurcit notre horizon.

A bien y regarder, les réponses pourtant ne font pas défaut, mais le blocage est manifeste dans la façon de penser et de gérer la transformation. D’un côté, une élite sachante et en définitive très aristocratique veut mettre la France en marche au nom de l’adaptation nécessaire à la mondialisation. Il faut avancer dans un sens prédéterminé et faire les réformes qui s’imposent. Elles ont noms flexibilité, souplesse du marché du travail, remise en question de sécurités de toute sorte toujours comparées à des freins. Le progrès serait à ce prix et nous n’avons que trop perdu de temps à résister à ce qui devrait aller de soi. La rupture est nécessaire. De l’autre, une société qui sent et qui sait qu’elle a beaucoup à perdre à ce progrès dont on ne lui dit pas ce qu’il faut en attendre en dehors de l’impérieux besoin de s’adapter, elle qui a déjà beaucoup donné dans l’adaptation. Elle ressent comme un mépris dans le changement qu’on lui dicte et qui ne peut jamais être discuté. D’où crispations, tensions, conflits entre une France d’en haut qui sait où aller pour elle et pour les autres et une France d’en bas qui soit manifeste, soit, plus grave, se replie dans un sentiment d’exclusion lourd de menaces et de rancœur.

L’adaptation n’a jamais fait un dessein politique et le repli n’a jamais été un moteur de progrès. Nous en sommes là. Pour autant, il n’est pas sûr que la société soit à ce point bloquée. Le terreau est beaucoup plus riche qu’on ne le croit, fait de quantité d’initiatives, de pratiques locales tant dans les entreprises que dans les territoires. Le champ associatif est une des plus grandes richesses de la société française, mais les élites s’en tiennent éloignés au-delà des mots. Le progrès est sans doute là dans les plis de la société et un des enjeux pour l’avenir proche est de faire remonter ce foisonnement du « faire ». A condition de libérer la parole et de sortir du conformisme de la doxa économique. Et l’on verra alors que les résistances au changement ne sont pas toujours là où on voudrait qu’elles soient.

Les compromis politiques, économiques et sociaux dont nous avons besoin nécessitent de passer par une phase de partage de pratiques, mais aussi de projets et d’envies. Voilà qui aurait aussi le mérite de nous sortir des conformismes protestataires épuisés. Un besoin d’être ensemble et de partager la parole vaut aussi bien dans le travail que dans la société. On a besoin de se parler de notre avenir. Retrouver ensemble le sens d’un progrès et l’envie d’y aller. Un projet politique au sens fort pour la société et pour l’entreprise.

 

 

 

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